L'or : actif financier ou outil politique ?
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L'or est une matière première utilisée dans les domaines industriels et
esthétiques, mais aussi un actif financier et, plus encore, un actif
monétaire thésaurisé par les banques centrales. Il est donc sujet à
toutes les manipulations politiques possibles et imaginables. Depuis
que le métal jaune est passé de 250 $ US l'once à la fin des années
1990, à près de 1000$ en 2009, il suscite plus que jamais l'attention
des médias et des gestionnaires de portefeuille au cours des deux
dernières décennies.
Il ne se passe pas une semaine sans qu'un grand magazine financier américain ne consacre un article à l'or.
Malheureusement, la presse financière grand public ne parle jamais des
tumultes politiques et économiques qui ont influé sur le cours de l'or
ces 100 dernières années. Une histoire pour le moins troublante, qui
illustre à merveille à quel point l'or n'est pas un placement comme un
autre.
Les adversaires de l'or soutiennent que les investisseurs ont perdu
plus d'argent durant le siècle dernier dans les valeurs or que dans
toute autre industrie, y compris les sociétés de chemin de fer et
d'aviation. Ils oublient toutefois de dire que de 1935 à 1970, le
gouvernement américain avait la main haute sur le cours de l'or, fixé
par décret à 35 $ US l'once sous la présidence de Franklin D. Roosevelt.
Interdiction de détenir de l'or
Qui se souvient qu'en 1933, ce président américain prohiba les
exportations d'or, stoppa la convertibilité du dollar et interdit aux
particuliers de posséder de l'or à des fins d'investissement ? Tous les
contrats gouvernementaux et privés fondés sur l'or furent abrogés, et
la seule réponse que les Américains obtenaient de leur gouvernement
pour comprendre son attitude se résumait à ceci: "C'est pour votre
bien". Le pays soi-disant le plus libéral de la planète se comportait à
l'égard de l'or et de ses détenteurs comme un État totalitaire digne
des beaux jours de l'Union soviétique.
À la défense des États-Unis, il faut dire qu'à peu près tous les
gouvernements occidentaux et même asiatiques interdisaient à leurs
citoyens de détenir de l'or à titre d'actif financier. C'est en Europe,
au milieu des années 1960, que commença la déréglementation de l'or,
qui atteignit ensuite l'Amérique au début des années 1970, le Japon à
la fin des années 1970, l'Inde au début des années 1980 et la Chine il
y a sept ans.
Évidemment, à 35 $ l'once dans les années 1930 à 1960, aucune société
minière n'était encouragée à faire de la prospection. La production
d'or ne cessa de décroître, jusqu'au 15 août 1971, date où le président
Richard Nixon annonça que les États-Unis ne fixeraient plus
arbitrairement le prix de l'or et cesseraient de lier le dollar à l'or
pour rembourser les banques centrales étrangères qui avaient un excès
de dollars.
La demande étant de plus en plus forte et l'offre s'étant tarie depuis
35 ans, on n'avait pas besoin d'être un génie de la finance pour
comprendre que le retour aux libres lois du marché allait être
favorable aux détenteurs d'or. À condition, bien sûr, de croire que
Richard Nixon était sincère dans son intention (!), et d'espérer que
les gouvernements qui allaient se suivre à la Maison blanche n'allaient
pas refaire le coup de Franklin D. Roosevelt.
Les seules lois de l'offre et de la demande, en fonction des besoins
industriels ou encore de ceux de la joaillerie, permettaient aux
investisseurs d'espérer pour l'or, à court ou à long terme, des
rendements aussi bons que ceux des actions ou de tout autre métal de
base.
L'âge d'or de l'or
En fait, la décennie des années 1970 a été pour l'or... un véritable
âge d'or. Tous les signaux qui favorisent normalement le cours du
précieux métal étaient présents, notamment à la fin de la décennie :
taux d'inflation à 14%, prix du pétrole qui quadruple pour la deuxième
fois en moins de 10 ans, une Bourse des actions qui végète, un dollar
en chute libre, une économie mondiale qui traverse sa pire récession
depuis la Grande dépression des années 1930, un système financier
international qui menace de s'écrouler, une guerre froide qui monte
d'un cran avec la présence des troupes soviétiques en Afghanistan, et
l'Iran qui bascule dans la théocratie anti-américaine avec la prise des
otages de l'ambassade des États-Unis à Téhéran.
Il n'en fallait pas davantage pour que l'or passe de 120 $ l'once en
1976 à 850 $ en 1980. Ainsi va l'or. Puis, dès que la situation
économique et politique s'améliore, comme ce fut le cas sous l'ère de
Ronald Reagan, l'or redevient une simple commodité soumise aux règles
de l'offre et de la demande (entre 1980 et 1985, son prix chuta de 850
$ à 300 $).
Certes, la situation économique du monde et de l'Amérique en 2006 n'est
pas aussi dramatique que celle qu'on a connue en 1979-1980. Elle donne
toutefois des signes inquiétants qui rappellent ce qui s'est produit il
y a un quart de siècle. Les Américains sont les premiers à admettre que
la guerre actuelle en Irak est 10 fois plus désastreuse moralement et
politiquement (explosion de la dette publique, détérioration de l'image
de l'Amérique dans le monde, etc.) que la crise des années 1980 en Iran
et en Afghanistan.
Évidemment, ceux qui ont acheté de l'or à 150$ l'once en 1977 ont sans
doute fait un bon coup, puisque le prix n'a jamais chuté sous cette
barre depuis cette année-là. Par contre, ceux qui ont mordu à l'appât
au pire de la crise en 1979, à 700 $ ou 800 $, s'en mordent encore les
doigts aujourd'hui, puisque l'or est revenu dans une fourchette de 250
$ à 430 $ tout au long des décennies 1980 et 1990.
L'or est un actif fort difficile à évaluer, car les investisseurs s'y
intéressent pour toutes sortes de raisons souvent indépendantes les
unes des autres et même contradictoires : protection contre
l'inflation, protection contre la déflation, protection contre une
chute de la devise, protection contre la montée des prix du pétrole,
élément de diversification du portefeuille, forme d'épargne stable,
abri contre la menace d'une guerre ou d'une crise économique mondiale,
etc. Ajoutons à tout cela les acheteurs qui s'y intéressent en tant que
matière première d'abord, propre à faire des bijoux, des objets de
luxe, des ordinateurs, des circuits imprimés, des équipements médicaux,
des amalgames dentaires, etc.
À 500 ou 1000 $ l'once, l'or est-il un bon placement pour
l'investisseur ? Tout dépend de votre degré d'optimisme ou de
pessimisme face à la puissance américaine et à l'économie mondiale. À
ce chapitre, tous les scénarios sont permis, depuis les plus roses
jusqu'aux plus sombres.
Chose certaine, les rapports incestueux de l'or avec la politique et
les interventions gouvernementales, qu'elles soient de droite ou de
gauche, sont en bonne voie de changer. Ainsi, en 2005, pour la première
fois dans l'histoire de l'humanité, la quantité d'or que possédaient
les investisseurs privés dépassait celle que détenaient les banques
centrales et les gouvernements. Ce qui laisse augurer une ère nouvelle
où les banques centrales auront moins de pouvoir que les marchés sur la
valeur du métal jaune.
Qui pourrait s'en plaindre ?
Extrait d'une chronique actualisée par Orientation Finance et déjà parue dans Finance et investissement
André Gosselin, Ph.D,
Auteur et fondateur de la philosophie de gestion de portefeuille
d'Orientation Finance fondée sur les conclusions de recherches
académiques en finance
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